Son large chapeau noir est sans doute aussi connu que lui. C’est dans un café parisien que MYTF1News a rencontré l’homme qui se cache en-dessous, le chef Marc Veyrat, triplement étoilé par deux fois et récompensé d’un 20/20 au Gault-Millau à deux reprises. Amoureux de ses terres, le Savoyard n’oublie pas ses origines jusque dans sa cuisine qu’il veut « authentique et naturel ». C’est aussi pour cela qu’il vient de lancer sa Fondation afin de sensibiliser les plus jeunes à l’environnement et savoir-faire alimentaire. Choisi par la présidence de la République pour co-concocter le diner des chefs d’Etat lors de la COP 21, il voit là l’occasion de faire valoir ses valeurs intimement liées selon lui : l’alimentation et l’environnement
Comment avez-vous été choisi pour concevoir le menu qui sera dégusté par les chefs d’Etat à la COP21 ?MARC VEYRAT : Quelqu’un du ministère des Affaires étrangères m’a contacté il y a plusieurs mois pour m’annoncer que j’avais été choisi et ça a été officialisé par écrit ensuite. On est plusieurs chefs à devoir composer le menu. Il y a Yannick Alleno, Alexandre Gauthier, élu cuisinier de l’année, Nicolas Masse et moi-même. Nous nous sommes repartis les plats à faire.
La répartition des tâches n’a pas été trop difficile ?Il valait mieux qu’on soit plusieurs chefs car nous allons devoir cuisiner pour environ 200 personnes avec l’ensemble des chefs d’Etat, traducteurs et autres personnes. Chacun compose pour que cela corresponde à son éthique. Moi, j’amène ma spécificité, la cuisine de Savoie. On essaye de faire quelque chose de naturel.
Avez-vous eu des contraintes ou des consignes données par le Ministère ?On ne nous a rien demandé, on n’a rien exigé de nous. Nous avons de la chance d’avoir un gouvernement qui prend très en compte la gastronomie française et la table française. Les seules contraintes que l’on a eues, c’est en termes de sécurité, dans l’acheminement des produits et pour les sortir. C’est très sécurisé !
Qu’avez-vous composé ?Je fais une cuisine minérale et végétale alors j’ai composé en ce sens une assiette qui s’appelle « Organique du Mont Blanc », un hommage à la région Rhône-Alpes/Savoie/Mont-Blanc. J’ai fait des oeufs de poissons d’eau douce en caviar avec gelée de légumes et souffle de tussilage, une plante au goût d’artichaut ramassée à la main. Viendra ensuite un reblochon blanc à la myrrhe odorante. C’est un produit du terroir associé à une plante qui pousse en haute altitude et que je ramasse moi-même. Avec, il y aura un bouquet de salades aux arômes de sous-bois. Ces plats seront servis sur un rondin de bois que l’on a élaboré spécialement pour l’occasion. On a déjà tout ramassé. Maintenant, il faut tout réfrigérer, bien suivre les normes et amener le tout à Paris. Ils sont très à cheval sur les origines et les normes !
« L’alimentaire est le moteur de notre existence »
Vous avez l’habitude de ce genre de repas…Oui. J’ai notamment fait le repas des chefs d’Etat du G7 à Lyon avec Maître Paul Bocuse (1996, ndlr). Il y avait à l’époque Jacques Chirac, Helmut Kohl, Bill Clinton et aussi le Premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto, avec lequel j’avais eu un très bon contact. C’était quelqu’un de très gastronome. Mais dans ces moments-là, on ne cherche pas à échanger. Le but, c’est avoir fait un beau repas dont on puisse être fier.
Vous êtes fier d’avoir été choisi ? C’est une marque de reconnaissance personnelle ?On est très fier de faire ça pour nous, pour la France, pour la présidence de la République qui reçoit. C’est une très grande fierté française. C’est étrange avec les événements récents. On a l’impression que tout le monde se bat pour être debout et nous, on va se battre encore plus que d’habitude pour être fiers de la France. On est un pays merveilleux pour exprimer tout cela. On est bourré de jeunes talents. Les gens s’aiment. Il y a un élan confraternel avec tout ce qui vient d’arriver. Je trouve ça extraordinaire. Je suis très fier d’être français.
C’est important pour la gastronomie française que de grands noms de la cuisine soient associés ?C’est merveilleux d’avoir tous ces grands chefs présents pour faire ce repas. Et je pense aussi à tous ceux qui auraient pu être présents avec nous. Ce soir-là, on représente tous les chefs français. Ce sera l’image de la France dans les assiettes et surtout vu l’état dans lequel elle se trouve actuellement, on veut faire le plus beau repas du monde, être encore meilleur que d’habitude pour montrer qu’on existe.
Vous lancez votre fondation Marc Veyrat sur l’importance du bien manger et du choix des produits dans l’assiette. Comment voyez-vous cette COP 21 ?La question de la nature me parle, mais ce qui me touche encore plus, c’est celle de l’alimentation. Dans l’environnement, il y a l’alimentaire et tous ces produits qui sortent de la terre. Ils sont le moteur de notre existence. L’alimentation est notre carburant et, si l’on n’en prend pas soin, si on continue comme ça, ça peut devenir dangereux. La COP21, c’est un grand message d’espoir. Moi je dis : « N’oubliez pas l’alimentaire. Ça a un côté spirituel, car c’est source de vie et de l’humanité. C’est universel. Sans alimentation, on ne peut pas vivre. C’est fort !
Source Article from http://lci.tf1.fr/people/cop-21-marc-veyrat-un-fier-chef-cuisinier-parmi-les-chefs-d-etat-8689158.html
Source : MYTF1News – People