Sur les routes avec son spectacle Arabesque, elle parle de la maladie qui l’a éloignée de la scène, de ses filles, de l’amour… avec une drôlerie toute britannique. Lady Jane forever.
Chanter. Ce n’est pas essentiel pour moi. Je ne suis pas une grande chanteuse, je ne suis pas Billie Holiday. Je dirais même que je ne suis pas Lou, pour qui c’est viscéral. Moi, j’ai plutôt une terreur de la scène, mais je ne vois pas un autre moyen d’être proche des gens. Quand il y a des désastres comme Haïti, Fukushima, tu es devant ta télévision, à Paris, et tu te dis:« Ah! Si je pouvais faire quelque chose!» Si tu as des chansons, tu peux trotter partout. A travers le monde, comme en France. Et être en tournée me donne infiniment de plaisir !
Mes filles. Si je devais choisir un mot pour chacune d’elles, je dirais mystère pour Charlotte, empathie pour Kate, curiosité pour Lou. J’ai vraiment trois filles qui sont maintenant reconnues pour les talents particuliers qu’elles ont. Moi, je faisais des choses pour épater John(Barry), puis Serge(Gainsbourg), puis Jacques(Doillon)… Elles, elles ne vivent pas à travers quelqu’un, elles prennent leur destin en main. Elles ont plus d’audace que moi. Et puis elles forment une bande de filles. S’il arrive un pépin, elles ne seront jamais seules, elles accourront les unes pour les autres.
La maladie. Quand ma mère était en train de mourir à Londres, chacune de mes filles passaient, c’est même Kate qui m’a prise dans ses bras en me disant qu’il fallait que je lâche ma propre mère. Les filles, par instinct, savent quoi faire. Quand j’ai été malade, elles ont été là. Dès le premier jour. Pourtant les deux ans qui viennent de passer étaient très, très longs. Chaque fois, elles étaient toutes avec moi, plus gaies les unes que les autres! Je me souviens que Kate me fabriquait des rideaux avec les blouses en papier. Mon amie Gabrielle aussi était là, mon ange gardien, assise sur le bord du lit. Je plains ceux qui n’ont personne, car l’isolement est terrifiant. Moi, je n’étais jamais seule. La première date de concert que j’ai dû annuler, je m’en souviens, d’autant que ça ne m’était jamais arrivé. Après, on lâche les choses : on pensait tenir à ceci ou cela, finalement, on s’habitue à tout. On attend juste que ça passe. Et puis à soixante-six ans, on est un peu comme une machine à laver qui ne serait plus sous garantie. Parfois, il est préférable de changer la machine plutôt que de chercher des pièces de rechange, sauf que nous, on ne peut pas. Alors il y a des trucs qui pètent. On entre à l’hôpital pour une péricardite, puis pour l’eau autour des poumons, on en retire un litre et demi, mais après, ce sont les globules qui commencent à te faire des farces… Mon petit-fils Marlowe (le fils de Lou, ndlr) a très bien compris le problème des globules blancs qui tirent sur les rouges, une vraie petite armée devenue dingue! Je n’ai jamais eu peur. Mais je n’ai pas eu ces horreurs que sont le cancer du colon ou du sein – ce qui serait un comble –, ça oui, ça fait peur. Ma maladie n’était pas pénible, elle ne faisait pas peur. Une maladie auto-immune, dans un genre plutôt poétique. Je ne me suis jamais, jamais fait de souci pour moi… Et j’avais bien raison parce que tout ça, c’est de l’histoire passée. Et bien passée. Je ne veux plus en entendre parler!
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